Description
Contrairement à ce qu’affirme une certaine vulgate historiographique, selon laquelle le siècle des Lumières aurait marginalisé, voire réduit au silence les femmes, contredisant ainsi son idéal égalitaire, les femmes auteurs du XVIIIe siècle ont participé d’une manière non négligeable, quoique souvent souterraine, au développement de la culture. Une telle contribution apparait, avant tout, au sein de la réflexion sur la féminité engagée par les intellectuels du temps, intéressés tout particulièrement par le statut physique et moral de la femme. Cette question innerve le débat concernant les principaux domaines du savoir, tels que la physiologie et l’éthique, la gnoséologie et la critique littéraire. En marge de cette “construction” de la féminité orientée par une culture intrinsèquement machiste, il existe néanmoins une vision de la féminité au féminin, aussi riche qu’elle fut ignorée, énoncée par les auteures mêmes, les filles des Lumières, à savoir, les femmes philosophes, les femmes de lettres, les femmes peintres, les éducatrices, les femmes dramaturges, etc. En adoptant une perspective interdisciplinaire et transnationale, ce volume explore la modalité spécifique par laquelle les femmes se sont représentées ellesmêmes, durant une période aussi cruciale pour l’histoire européenne que l’a été le tournant des Lumières (17801820). Ces femmes fournirent ainsi un apport décisif au processus de formation du sujet moderne, tout comme à la revendication de l’émancipation féminine qui en fait partie intégrante.