Description
Hobbes n'est évidemment pas un penseur libéral. Poser la question de son libéralisme n'aurait tout simplement pas de sens. En revanche, il y a un bon nombre d'aspects de sa pensée dans lesquels la tradition libérale s'est reconnue : la théorie des droits individuels inaliénables, le calcul de l'intérêt repris dans la figure de l'homme économique, la remise en cause de la justice distributive réduite à la justice de l'arbitre et de la justice commutative pensée sans égalité de valeur, la subjectivation de la valeur et sa détermination par le prix, la définition négative de la liberté, etc. En revanche, d'autres aspects de sa pensée contestent foncièrement le libéralisme : la notion du politique, la théorie de la souveraineté absolue, les droits du souverain auxquels répondent les devoirs des sujets, etc. Mais on ne peut en rester à cette juxtaposition des aspects libéraux et des aspects antilibéraux de la pensée de Hobbes. D'abord parce qu'elle relève d'une lecture anachronique et d'autre part parce que ces deux dimensions sont liées chez lui. Il convenait donc de revenir à Hobbes lui-même pour montrer comment les aspects de sa pensée qui seront h repris un siècle plus tard par le libéralisme sont réalisés dans le cadre d'une élaboration conceptuelle totalement indépendante de lui. Tel est l'enjeu de ce volume.
Biographical notes
Yves Charles Zarka est philosophe, professeur à l’Université Paris Descartes Sorbonne, chaire de philosophie politique. Il est également “Global Professor” à Peking University et enseigne aussi à New York University, à l’Université de Venise Ca’ Foscari, à l’Université de Rome “La Sapienza” et dans plusieurs autres universités à travers le monde. Il est directeur de la revue Cités (PUF). A l’Université Paris Descartes, il dirige l’équipe PHILéPOL (Philosophie, épistémologie et politique) dont les recherches portent sur le « Monde émergent », c’est-à-dire les mutations considérables qui s’opèrent dans le monde contemporain. Ses recherches se situent au carrefour de la philosophie contemporaine, de l’épistémologie des sciences sociales, et des sciences politiques. C’est dans ce cadre qu’il étudie les transformations de la démocratie, les nouvelles problématiques environnementales, l’idée cosmopolitique, etc. Il a récemment publié L’inappropriabilité de la Terre (2013), Refonder le cosmopolitisme (2014), Philosophie et politique à l’âge classique (2015), Métamorphoses du monstre politique (2016). Son dernier livre vient tout juste de paraître Jusqu’où faut-il être tolérant ? Traité de la coexistence dans un monde déchiré (2016). Parallèlement à ces travaux de philosophie politique contemporaine, ses livres sur Hobbes sont devenus des classiques de notoriété mondiale, c’est le cas de La décision métaphysique de Hobbes (1987, 1999) et de Hobbes et la pensée politique moderne (1995, 2012). Ils ont fait l’objet de traductions dans une dizaine de langues.